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Aux origines du mal... pouvoir enfin faire son deuil

  • Photo du rédacteur: Habiba
    Habiba
  • 27 juin 2019
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 juil. 2019

Suite à mon précédent post sur l’hyperémotivité, j’ai réfléchi et je me suis rendu compte que revendiquer haut et fort cet état débordant et envahissant émotionnel sans lui donner une origine, une cause ou un fondement, était étrange et n’en me satisfaisait pas.


En effet, j’écris ces articles au fil de ma réflexion, au fur et à mesure que le pèlerinage que j’ai entrepris au pied de la Tour Saint Jacques, le 19 mai dernier, me fait avancer dans ma réflexion.

et Dieu sait qu’elle a été très (très) intense et croissante depuis ce jour-là et ce jusqu’à aujourd’hui.


Pleine d’espoir, d’ambition et d’Appel de la part du Chemin, depuis mon départ, c’est la deuxième fois que je m’éloigne du sentier physique pour devoir faire le point sur mes avancées psychologiques, mes blessures physiques et mentales, ma recherche de force et mon renouvellement énergétique.

Aujourd’hui je suis à mon huitième jour de pause consécutif, de nouveau chez moi à Versailles. Je peux vous assurer que je suis pourtant bien loin d’avoir abandonné mon objectif qui est d’aller à pied à Saint Jacques de Compostelle.


J’ai cumulé jusqu’à présent :

- 327 km en 18 jours de marche

- 20 jours durant lesquels je n’ai pas marché

- une affreuse douleur récurrente au tendon d’Achille gauche

- par deux fois une monstrueuse collection d’ampoules aux pieds, suite à de très mauvais choix en matière de chaussures et d'aménagement de celles-ci 😑


Mais aussi :

- une immense prise de conscience révolutionnaire sur l’origine de mes souffrances (psychologiques et donc physiques)

- une lutte quotidienne contre les attaques de panique et l’angoisse permanentes, accrues sur le Chemin

- la mise en place de mécanismes de défense et de solutions pour enfin atteindre le « bout du tunnel »

- l’humilité de reconnaître mes forces et mes fragilités

- la reconnaissance d’avoir appris à demander de l’aide

- la capacité à être allée chercher la Force et l’Amour dont j’ai besoin, là où ils se trouvent 💙

- la volonté de m’en sortir

- la programmation de mes activités professionnelles à mon retour de Saint Jacques pour cette nouvelle année

- l’enclenchement de ce merveilleux état plein d’espoir qu’est la résilience 💪🏼


Ainsi mon Chemin m’appartient, il est différent de celui de chaque pèlerin et je n’ai aucune honte à reconnaître qu’il a été jusqu’à présent la chose la plus difficile et la plus merveilleuse que j’ai entreprise dans toute ma vie !

Difficile car chaque jour depuis le départ, chaque pas, chaque kilomètre parcouru ou non, tout cela depuis très exactement 40 jours aujourd’hui, a littéralement changé ma vie. J’ai compris énormément de choses, j’ai enfin pu voir ce que je m’efforçais, inconsciemment (ou par manque de force) de tenir caché, loin de ma raison.


Cette portion de Chemin m’a donc permis de comprendre que :

- j’étais victime de très lourds psychotraumatismes

- je n’étais en rien responsable de mon malheur

- je suis responsable de mon bonheur

- je pouvais décider de m’en sortir

- je n’avais pas d’autres choix que celui de m’en sortir

- je suis capable de trouver les solutions à chaque problème

- j’ai une force mentale bien supérieure à ce que j’imaginais

- je peux être enfin heureuse

- j’ai des personnes sur qui je peux compter

- ma Foi me sauvera


Grâce à ces données nouvelles que le Chemin m’a transmises, à chaque prise de conscience, il s'opérait en moi comme un véritable changement de paradigme. J’estime à ce titre avoir vécu l’équivalent de deux importants tremblements de terre psychologiques, qui m’ont poussée à revenir au coeur de mon foyer, afin de pouvoir accueillir ces secousses violentes, travailler sur les notions nouvellement apparues et me recharger énergétiquement.


Ces deux tremblements de terre ont été très violents, destructeurs et ravageurs. La destruction dont ils sont à l’origine était nécessaire à mon Chemin de Vie, à ma renaissance. De la destruction naît la Vie et je le constate à chaque instant, je suis plus forte, plus heureuse, plus confiante...

Il ne faut cependant pas perdre à l’esprit qu’un tremblement de terre a toujours des répliques, qui sont imprévisibles, dont la durée et l’intensité sont inconnues.


Je repartirai mardi prochain, le 2 juillet sur le Chemin. Cependant je ne sais pas encore d’où je repartirai.

Effectivement, étant arrivée à Châtelleraut avant mon second retour à domicile, deux arguments me font douter quant à la reprise de la marche depuis le lieu où j’ai quitté le sentier...

Tout d’abord le besoin de distance me semble nécessaire pour réaliser les étapes en plein « lâcher-prise », savoir que la maison est à quelques petites heures de route ou de train m’empêche de vraiment couper avec cette bulle de bien-être et de me lancer.

Tout comme en début de pèlerinage, pour sortir de la région parisienne, j’ai effectué un détour de plusieurs dizaines de kilomètres de sorte à ne pas passer près de chez moi, pour m’en détacher, je sens que là il va falloir partir de plus loin et surtout s’interdire mentalement de revenir avant d’avoir atteint l’objectif de Compostelle et Fisterra !

De plus, la partie qu’il me reste à parcourir, tout du moins jusqu’à Bordeaux où un peu avant est une zone géographique qui a une résonance toute particulière en moi. Je pensais avoir du plaisir à traverser le Poitou-Charente, mais rien que de m’imaginer à Poitiers, Saint-Jean-d’Angely (qui rime avec sortie 34 dans ma tête), même à Saintes, je me sens envahie par un immense sentiment de tristesse, de nostalgie... J’ai habité plusieurs années à Angoulême, où je m’en suis réfugiée auprès de celui qui est devenu mon mari, après des moments de souffrance extrême. J’y ai vécu également des périodes de ma vie très difficiles et ne peux sereinement revenir sur mes pas dans ces villes et ces lieux que je n’ai connus qu’à une période que je ne suis pas prête de revivre maintenant.


J’aimerais beaucoup que le Chemin soit plus facile pour moi. En me lançant dans ce pèlerinage, je ne pensais pas le moins du monde que j’arriverais à traverser de telles périodes de doute, de remise en question, de peur, de colère, de tristesse, de terreur, de Foi, d’Amour, de souffrance, etc.

Je pensais qu’il me suffisait, comme lors d’une randonnée classique, et comme le Chemin semble être pour beaucoup de personnes qui l’ont parcouru : un simple chemin.

J’aurais dû me mefier de cet Appel mystique si puissant et qui me hante toujours autant.

Le Chemin ne vous laisse pas tranquille... il vous Appelle à Lui, il vous oblige à chaque instant à être une meilleure version de vous-même, il vous force à travailler sur vous et à trouver à chaque instant une solution à ce que vous traversez, ressentez, etc.


Chacune de mes échappées hors du sentier du Chemin (mais toujours de jure « en chemin »), ont chacune une thématique :

- la première peut être intitulée la réalisation (prise de conscience) du traumatisme, elle en devient elle-même un traumatisme, mais positif !

- la seconde quant à elle, celle de la fin du deuil et du début de la résilience, c’est cette phase-là que je traverse actuellement, alors que j’écris cet article.


Je ne parlerai pas ici, pour l’instant tout du moins, de la nature du traumatisme violent dont j’ai pris conscience en ce début de Chemin, peu importe, cependant je veux bien m’etendre davantage sur la notion de deuil / (re)naissance.


Dans le titre je parle de la possibilité de faire son deuil. En effet, il est important de faire des deuils au cours de sa vie afin de mettre un véritable point final à tout ce qui a pu nous nuire.

Pour pouvoir effectuer ce deuil, le rendre possible, il est nécessaire de se séparer de tous les mécanismes de défense dans lesquels nous avons exceller afin de déréaliser la situation, l’atténuer, voire la nier complètement.


Le cerveau, véritable passion, à cette merveilleuse capacité de fonctionner sur un circuit parallèle en na tenant pas compte des lourds dysfonctionnement de son système. Il ruse et use avec brio de dissociation, dépersonnalisation, déréalisation, mécanismes d’évitement, déni, stratégies d’adaptation, faux self, perfectionnisme, amnédites, sabotages, refoulement, mais aussi conduites à risques et suicidaires, etc. Une fois que le traumatisme fondamental a été mis à jour dans notre esprit, après un déchaînement émotionnel sans précédent, après avoir beaucoup, beaucoup travaillé sur soi (parce qu’on est toujours cette personne impatiente qui veut « tout, tout de suite ! »), on entre dans ce monde particulier de l’État de Stress Post-Traumatique.


C’est d’abord un lieu rassurant, même si ça a l’air horrible dit comme ça, mais si on est dans le « post » traumatique, cela veut bien dire que le traumatisme n’est plus d’actualité !? Ensuite, c’est un lieu de tous les possibles puisqu’avec la prise de conscience, on arrive à comprendre bon nombre de choses qui nous semblaient inexplicables pour toujours. Enfin, la guérison (deuxième acte) est envisageable, car possible, et prend la forme de la résilience. Cette capacité à rebondir en étant animé par l’Élan Vital (cf. Bergson) qui nous pousse à avancer, progresser et surtout ne jamais accepter vouloir repartir en arrière, même si par bien des moments cela a été plus que séduisant !


Afin de ne pas être trop longue, je rédigerai dans un billet ultérieur mon interrogation sur le lieu de mon prochain et dernier (je l'espère) départ en direction de Saint Jacques.


Pour en finir avec la notion de deuil, je ne m’étendrai pas ici sur les différentes phases du deuil et vous renvoie aux cinq étapes qu’a conceptualisées l'américaine Elisabeth Kübler-Ross, dans On Death and Dying, 2011. Le deuil est un processus quasi-universel. Il est « un cheminement émotionnel et psychique, quelque soit la perte, puisqu’il amène à une rupture et à une modification radicale. » (Anne-Laure Buffet, Les prisons familiales, 2019).


Je vais en parler ici à travers ma culture d’origine. Je suis née en Algérie et ai grandi avec une double culture franco-maghrébine, cette dernière étant emprunte d’Islam et de rituels anté-islamiques. Lorsque j’ai réalisé qu’aujourd’hui cela faisait très exactement quarante jours que je m’étais lancée sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, je me suis souvenue que dans ma culture, ce nombre a une grande importance. En y réfléchissant, je me suis souvenue que traditionnellement (je n’en pense qu’aucune sourate ni hadith ne mentionne cette pratique, à mon sens propre au Maghreb et à l’Algérie de mes origines), le deuil dure en principe quarante jours pour les proches du défunt (je ne m’étends pas ici sur les règles de calcul amenant à la soustraction du nombre d’enfant du-dit défunt, etc.). Il est (était) coutume de marquer le coup ce jour-là afin de célébrer l’élévation de l’âme du défunt vers l’au-delà, âme qui jusqu’alors était réputée rôder... plusieurs autres raisons amènent à ne « croire » à la mort réelle de la personne seulement quarante jours après sa mise en terre.

En m’interessant à ce chiffre de quarante, je trouve dans mes lectures une mention dont j’avais entendue parler mais dont je n’avais jamais vécu le suivi : il s’agit des quarante jours célébrés après la naissance d’un enfant. En effet, quarante jours après qu’une femme ait accouché, si elle et son enfant se portent bien ce demain écoulé, alors leurs vies ne sont plus en danger. Avant cela, une tombe pouvait accueillir a tout moment ces deux personnes jugées fragiles. Au terme de ces quarante jours l’enfant est considéré comme bel et bien vivant.


Ainsi, on constate qu’au terme de quarante jours on peut avec certitude admettre qu’une personne est bel et bien vivante ou bel et bien morte.


De ce point de vue-là, j’ai l’honneur de vous dire que je marque d’une pierre blanche ce jour, ce quarantième jour, qui célèbre à la fois la mort effective des démons qui m’ont fait subir l’insoutenable toute ma vie durant, et la naissance effective de ma véritable personne, enfin libre 🙋🏽‍♀️ الحمدالله !


Ma résilience, c’est moi qui la dirige, c’est cette force que j’ai en moi et qui me permet de savoir que je vais y arriver, et atteindre enfin le bout du tunnel !


Veuillez recevoir tout mon Amour, mes encouragements et mes souhaits de Paix.

                           ✨السلام عليكم ✨


💙 Bon Chemin 💙


 
 
 

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