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"[...] ce qui érafle les autres me déchire"

  • Photo du rédacteur: Habiba
    Habiba
  • 24 juin 2019
  • 9 min de lecture

✨Salam tout le monde 🙏🏽


Dans une lettre adressée à George Sand, Flaubert écrit ceci :

"Il est vrai que je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire."

Vous l'aurez compris, il est (encore) question d'hypersensibilité. Plus précisément, c'est d'hyperémotivité dont je veux parler ici.


Après avoir fait mon coming out d'hypersensible il y a quelques articles sur ce blog, je ne peux m'empêcher d'y revenir, de partager avec vous, hypersensible ou non, le poids d'une telle particularité.

Loin d'être rare, l'hypersensibilité est un ensemble de symptômes (je précise que j'emploie ici le mot symptôme, dans son acception la plus neutre, et en aucun cas avec son qualificatif habituel et erroné de pathologique !) qui permet à la personne concernée ou celle qui la côtoie, d'accueillir cette différence par rapport à la norme d'abord, et d'en tirer de la force et du bonheur (oui oui c'est possible), ensuite.


Afin de savoir si vous êtes ou non hypersensible (attention, il n'y a aucun jugement de valeur suite au diagnostic ou non d'une hypersensibilité ; un hypersensible n'est pas une personne meilleure ou moins bonne qu'une personne qui ne l'est pas ! C'est comme pour la douance, il serait temps d'arrêter de stigmatiser, en bien ou en mal une personne dite à haut potentiel, qu'il soit intellectuel ou émotionnel, celle-ci n'est en rien une supériorité ! Amis zèbres coucou !), il existe une multitude de "tests" sur la toile. Je retiendrais celui de Stan Carrey, un jeune sophrologue et coach en bien-être, dont je vous recommande vivement le visionnage des vidéos sur YouTube d'une part, et la lecture d'ouvrages et/ou la consultation, d'autre part. Vous pouvez trouver son test ici et à la fin de celui-ci, savoir si vous êtes ou non hypersensible.


Loin d'être un diplôme que vous pouvez brandir à chaque situation où vous sentez que c'est votre hypersensibilité qui vous rend heureux ou, au contraire, vous cause des problèmes, le diagnostic d'une hypersensibilité vous permettra, si ce n'est pas déjà le cas, d'orienter vos choix de vie et d'adapter votre cadre de vie afin de ne tirer que du positif de cet état mental (je pense notamment au choix du métier, du lieu de vie, de l'entourage, etc.).



 

Comme déjà écrit précédemment, je suis une personne hypersensible et hyperémotive (l'hyperémotivité n'est pas une caractéristique propre à l'hypersensible).


Cette hyperémotivité me caractérise depuis toujours, ou tout du moins depuis le plus loin que je puisse me rappeler de moi-même !

Longtemps stigmatisée par ce trait de caractère, que ce soit par mes proches, la société, les amis, le monde des études et du travail, j'ai décidé, en m'engageant, il y a maintenant un peu plus d'un mois sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, de l'assumer, de revendiquer et d'a-cce-pter enfin d'être submergée par les émotions, qu'elles soient positives ou négatives.



 
Qu'elles soient positives ou négatives...

Les émotions, maintenant que je les accepte, je les conçois, les visualise, les distingue et arrive à les nommer. Cet exercice de distinction et d'identification des émotions est tout récent pour moi, il m'a littéralement "changé la vie", puisque désormais je peux enfin savoir pourquoi ! Pourquoi je suis heureuse, certes (croyez-moi, ce n'est pas si négligeable que cela), mais surtout, pourquoi je souffre.


Toute personne, dite normale (comprendre, dans la norme, notamment ici, dans le cadre émotionnel et sensitif) ressent des émotions (enfin, je lui souhaite), celles-ci résidant à la base du comportement humain et chaque jour nous en ressentons.


Les émotions sont la résultante de plusieurs facteurs, notamment les événements vécus, nos pensées, nos expériences passées (souvenirs, traumatismes...), et certains disent même, de nos gènes (je dis certains, car, personnellement, je peux croire à la transmission traumatique d'une génération à l'autre, autant je ne maîtrise pas du tout la donnée génétique et, tant que je ne l'aurai pas étudiée et comprise, je ne pourrai l'affirmer comme étant vraie).


Petite précision en matière de terminologie : j'ai décidé d'écrire le plus simplement possible. Exercice qui n'est pas des plus aisés, mais auquel j'apprécie de me plier, tant pour faciliter la communication et la transmission de mes pensées, que pour permettre à chacun de prendre conscience que tout est abordable. Aussi, j'ai choisi, ici, de parler le plus simplement possible des émotions et de l'hyperémotivité. S'il s'agissait pour moi de devoir "briller" sur une copie de psychologie, j'aurais très certainement (et cela aurait peut-être été une erreur), employé des termes bien plus complexes a priori que ceux que j'ai employés jusqu'alors. Ainsi, pour les puristes, je me réfère à la définition de l'émotion que propose David Myers, dans Theories of Emotion (2004) d'un point de vue conscient et typiquement humain, et celle de Frans de Waal, Mama's Last Hug : Animal and Human Emotion (2018), d'un point de vue plus "animal" (on n'oublie pas que l'Homme est un animal, n'est ce pas !?).


Avant de poursuivre dans ce qui m'intéresse tout particulièrement ici (pour rappel : l'hyperémotivité dont je souffre), je ne peux m'empêcher de tenter de définir au maximum et le plus simplement possible (simple n'étant pas synonyme de facile !) ce qu'est une émotion.

Ainsi, il convient de distinguer l'émotion de la sensation. En effet, la sensation est purement physique, associée à la perception sensorielle (plus ou moins accrue, notamment très présente chez les hypersensibles), on prendra pour exemple les sensations liées à la température (chaud, froid...). L'émotion est aussi à distinguer du sentiment, qui, quant à lui, n'est pas une réaction, même si on peut observer qu'une accumulation de sentiments peut mener à l'émergence d'une émotion.


Le travail de définition étant ainsi fait, je peux maintenant concentrer toute votre attention sur la notion d'hyperémotivité. Tout d'abord, l'hyperémotivité n'est pas (contrairement à ce que beaucoup de "scientifiques" voudraient nous faire croire) un trouble psychologique. Elle est tout simplement le terme qui désigne une plus grande fréquence de manifestations émotionnelles d'une part, et une plus grande intensité de celles-ci d'autre part. Alors plus grande que quoi ? Eh bien, que la norme tout simplement, et c'est à ce titre que l'hyperémotivité est une distinction, un particularisme, car les personnes dans la norme ne ressentent pas une telle intensité et une telle fréquence des émotions. Comme chaque être diffère d'un autre au niveau de la personnalité, il en est de même pour l'occurence, l'intensité, et la gestion des émotions.


C'est dans la gestion des émotions, qu'elles soient intenses ou non, fréquentes ou non, que réside le véritable principe d'hyperémotivité.

Certaines personnes gèrent parfaitement leurs émotions et ont ainsi une expression normale de celles-ci. Bien savoir gérer ses émotions ne signifie pas ne rien ressentir. Toute personne "normale" à ce niveau-là est évidemment triste face à un événement douloureux, joyeuse face à un autre heureux, etc.


Malheureusement (et ce n'est réellement qu'aujourd'hui que cet adverbe intervient dans ma perception des émotions), certaines personnes n'ont pas ou peu de capacité de contrôle de leurs émotions et réagissent bien souvent (voire systématiquement) de manière excessive aux différents événements.

Si j'écris "malheureusement", c'est parce que cette hyperémotivité est un véritable fardeau. On peut la représenter par de véritables montagnes russes des émotions et donc de l'humeur, puisque chaque stimulus générant une émotion est vécu de manière très intense, que ce soit dans le positif ou le négatif.


Croyez-moi ou non, qu'elle soit positive ou négative, l'émotion vécue par l'hyperémotif provoque une trop grande dépense énergétique, car elle mobilise l'esprit tout entier ainsi que le corps (lorsqu'on est hypersensible en plus d'être hyperémotif, l'intensité du ressenti s'inscrit de manière physiologique, somatique, ainsi, il n'est pas rare d'avoir des éruptions cutanées, des troubles digestifs, visuels, des migraines etc. uniquement liés à une réception trop intense des émotions).

De plus, l'hyperémotif sait qu'il exagère (même s'il ne le fait pas exprès), il aimerait avoir plus de contrôle sur ses émotions et généralement, il se produit l'effet cocotte minute, à savoir : à force d'avoir trop refoulé et empêché l'expression de l'émotion à son juste niveau d'intensité, on explose quelque temps après, très souvent sans avoir pu faire le lien entre l'explosion (crise d'angoisse, attaque de panique, crise d'hystérie, rage, spasmophilie, allergie d'origine inexpliquée, nausées, vomissements, migraine importante...).

Il faut aussi noter que l'hyperémotivité fait certes souffrir la personne concernée, mais pas seulement, elle peut être insupportable et très douloureuse pour son entourage.

Enfin, l'hyperémotivité a de nombreuses conséquences, qui peuvent être désastreuses : l'isolement, afin de ne plus avoir à se contrôler en permanence, et, à terme, parfois, lorsque les émotions de souffrance sont beaucoup trop exacerbées, que la personne qui les subit est incapable de les gérer et se fait déborder, envahir par le malheur, la douleur mentale est beaucoup trop forte. Cette douleur mentale en devient tellement intense que le recours aux drogues (anxiolytiques, somnifères, neuroleptiques, cannabis, alcool...) est tentant et devient nécessaire, mais aussi l'automutilation (s'infliger une douleur physique plus intense que celle ressentie mentalement afin de calmer cette souffrance), et dans le pire des cas, l'autolyse devient, au point culminant de la douleur, la seule issue envisageable, car la seule mettant un point final à la souffrance, notamment lorsqu'on sait que cette souffrance se reproduira inévitablement.


Je précise ici qu'il ne s'agit que de mes constatations sur le sujet. Je suis hypersensible, hyperémotive et je suis depuis des années maintenant des thérapies qui m'aident à comprendre mon "mal de vivre" pour le dire comme Barbara.


Il y a fort à parier que, seules, mes émotions ne sont pas entièrement responsables de tout mon malheur et de toute la souffrance qui parfois m'a conduite à vouloir commettre l'irréparable, mais je suis convaincue aujourd'hui que c'est par le travail et l'apprentissage du contrôle des émotions (notamment de souffrance) que j'arriverai à me libérer.

Pendant quasiment toute mon existence, je me suis forcée, je me suis obligée à ne pas laisser mes émotions prendre le dessus afin de paraître normale. Je savais que mes réactions n'étaient pas normales, et, n'arrivant pas à me les expliquer, et ayant tellement peur du "qu'en dira-t-on" (encore lui), je préférais disparaître du groupe social où j'évoluais, voire disparaître tout court. C'est ainsi que je suis une personne très isolée, très seule, mais au moins, dans mon isolement je peux laisser mes émotions agir sans ressentir trop de honte.


C'était l'idée que je m'étais faite de mon sort... Qu'étant soumise à mes émotions, en plus de mon hypersensibilité, et d'autres traits de personnalité, qui me différencient tant des autres personnes que je vois évoluer et vivre si simplement (en apparence, car je sais que chacun a ses problèmes et que je ne suis pas du tout celle qui est la plus à plaindre), je devais vivre coupée du monde, et n'y aller que lorsque mes émotions et ma sensibilité me le permettraient.


Je me trompais littéralement ! C'est en m'engageant sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle que j'ai compris de nombreuses choses que j'avais enfouies au plus profond de moi. Ces choses me sont parvenues d'une manière à laquelle je ne m'attendais vraiment pas. Ce pèlerinage est à la fois la plus belle chose que j'ai entreprise, le Chemin me rend pleinement heureuse, mais aussi, un véritable tsunami psychologique où toutes les choses que je ne voulais pas voir se sont manifestées à moi avec la violence la plus rare.

C'est comme si je faisais un bootcamp de psychothérapie. Une thérapie commando où je suis tellement secouée de tous côtés, que je n'ai pas d'autre choix, que celui de traiter chacune des expériences, des traumatismes, des souvenirs, etc. auxquels il m'est donné de faire face.


Je pensais qu'il me suffirait de marcher jusqu'à Santiago... L'histoire est bien plus complexe et merveilleuse que cela. Ce Chemin est pour moi un véritable chemin de Vie, même s'il m'arrive de le qualifier de chemin de croix, tellement je prends conscience de ma souffrance, qu'enfin j'arrive à identifier et sur laquelle je peux, à l'aube de mes trente ans, enfin travailler...


Pour cela, les thérapies qui me sauvent sont nombreuses et diverses :

- la walking therapy (le pèlerinage en lui-même)

- la gestalt-thérapie (j'ai une extraordinaire thérapeute qui me suis depuis plusieurs mois en cabinet et également à distance sur le Chemin !)

- l'hypnothérapie et la PNL

- la sophrologie

- la méditation / la prière

- la visualisation

- le biofeedback

- l'AMOUR


Je souhaite délivrer ici comme dans chacun de mes posts sur ce blog, un message d'espoir. Je crois enfin en ma libération (de la souffrance extrême), je crois à l'immense pouvoir de l'Amour et de la volonté et, si vous aussi connaissez cette souffrance, sachez que vous n'êtes pas seul.e et que chaque jour je prie pour que les souffrances de chacun soient allégées. Assumer, accepter, écouter sa souffrance, c'est s'écouter, s'aimer et se faire du bien pour être plus fort et tirer profit des bons côtés de nos caractéristiques et particularismes. Il est important de se connaître et de parvenir, en s'écoutant et en s'observant, à comprendre quelles sont nos forces et nos fragilités. De là, il semble évident de ne pas s'apitoyer sur son sort si l'on souffre. C'est là que la volonté, cette force, nous pousse à chercher des solutions et à nous tourner vers l'aide que peuvent nous apporter bon nombre de personnes qui ont les solutions à nos problèmes.


✨Bon courage, bon Chemin 🌈


💙 Que la Paix soit avec vous 💙


Aller chercher l’Amour là où il est le plus fort ! Je suis allée rendre visite à mon frère, Habib, autiste non-verbal. Il est un véritable distributeur d’Amour et de Courage 💙💙








 
 
 

2 commentaires


Habiba
Habiba
28 juin 2019

Merci beaucoup Kevin pour ton gentil commentaire et ton soutien 🤗

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Kevin Marquez
Kevin Marquez
27 juin 2019

Bien le bonjour Bibou.

Juste un petit commentaire rapide pour te dire que, malgré un petit mutisme de ma part (pour lequel tu n'as rien à te reprocher évidemment) ces derniers jours, et toujours bien après Mon Capitaine (que je salue au passage), mon admiration pour ton chemin s'accroît à chaque article que tu postes.

Et aussi, tu n'es pas seule !

Également, puisque je suis lancé, la photo avec ton frère est adorable (il a toujours une tête de nounous et ton sourire fait toujours plaisir à voir !).


Voilà, mon ami.e. Même de loin, et comme d'autres, je t'accompagne. Et t'admire, quitte à me répéter.


Paix sur toi. Mes hommages.


PS : Poutine te salue, elle est en…

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