Marcher pour guérir
- Habiba
- 16 juin 2019
- 3 min de lecture
C’est aujourd’hui le dixième jour consécutif de pause que je passe chez moi à Versailles.
Le Chemin me manque terriblement, je sens qu’il me faut au plus vite repartir marcher, et être dans la démarche d’accomplissement de cet objectif qui m’a été fixé. Je ne peux m’en détacher et le Chemin, à chaque instant, me rappelle à Lui.
Cela peut paraître exagéré ou (trop) mystique, mais qu’à cela ne tienne, c’est ce que je ressens, et j’ai ici le droit d’exprimer mon ressenti, et tenterai d’éviter les suppositions, qui me freinent dans mon partage.
Je me suis arrêtée de marcher à quelques kilomètres de Tours, mes pieds ne pouvaient tout simplement plus me porter. Ils souffraient de plaies ouvertes sur l’avant des plantes et la douleur était, ma foi, bien trop cuisante. Non pas pour m’empêcher d’avancer, mon mental était bien trop fort, mais je n’avais plus aucune garantie de pouvoir poursuivre au-delà de deux petites étapes décemment, et n’avais aucune envie de devoir rentrer sur une civière en mettant fin au pèlerinage pour un bon moment.
Ce qui m’a décidé à m'arrêter à ce moment-là, est une raison double. D’une part, la sagesse semble me gagner, et j’ai décidé de remercier mes pieds pour les 260km qu’ils avaient parcouru jusqu’alors et devais décider de les préserver, pour qu’ils me mènent au bout du monde dans de bonnes conditions ; d’autre part, le doute, certainement associé à cette défaillance physique, m’a poussée à aller chercher du réconfort là où j’étais certaine de pouvoir le trouver : dans les bras de mon mari et auprès de mon fidèle Cookie !
Le Chemin m’a appris que, finalement, on est toujours seul... j’avais fait une vidéo (que je suis toujours incapable de publier), dans laquelle je donnais mon avis sur la solitude. C’est un état du corps et/ou de l’âme, une sensation, une impression, voire une émotion, qui, me rassure, m’apaise, me réconforte et m’encourage. Voilà aussi pourquoi j’ai choisi de cheminer sur des voies moins fréquentées. Je n’ai pour l’instant rencontré que trois pèlerins (à pied, parce qu à vélo, j’ai dû en croiser 7, mais ils sont tellement rapides, pas le temps de discuter !), et je m’en porte bien, même si la curiosité de partager les kilomètres accompagnée me tente parfois... Je ne sais pas toujours si ma solitude est choisie ou subie. Spontanément je dirais que je l’ai choisie, car j’apprécie être seule, j’ai même passé les dernières fêtes de Noël volontairement seule, la réunion, les groupes, les rassemblements de personnes me mettent terriblement mal à l’aise. Complètement inadaptée, je préfère rester seule plutôt que de me voir souffrir à plusieurs titres.
Cette solitude me fait du bien et me permet notamment d’exploser en larmes chaque jour, chose que je ne pourrai, décemment pas faire, en compagnie d’autres pèlerins...
J’explose littéralement en larmes, je suis parfois à la limite de l’effondrement, mais marcher me fait du bien. Marcher panse mes plaies et fait diminuer la souffrance. Depuis quelques années je me bats de manière quasi quotidienne, contre la mort et ses appels les plus sournois. J’ai tenté de nombreuses choses, mais rien n’y a fait, jusqu’à présent, et la meilleure solution qui semble exister aujourd’hui, est marcher... chaque jour marcher pour oublier que j’ai mal, marcher pour faire diminuer ce mal, marcher pour que ce mal, au fil des kilometres s’étale derrière moi et ne m’atteigne plus... Marcher pour guérir, marcher par Amour. Seul l’Amour et la Paix peuvent me guérir et lorsque je décidais de prendre ce Chemin, je me croyais déjà guérie ! Je l’étais déjà, en vérité, mais en partie seulement. Suffisamment pour me permettre de prendre ce Chemin, qui m’apporte bien plus que je ne pouvais en espérer.
« Qui sème dans les larmes, moissonne dans la joie. » Psaume 125
M’étant ainsi, (trop) longtemps arrêtée de marcher, je tourne en rond dans ma tête, comme une lionne en cage et parfois je perds tout espoir, parfois la peur m’envahit et me lance des piques insidieuses, qui, me déstabilisent, me font énormément douter.
Ce doute, il est le reflet de toutes ces annees de souffrance auxquelles je veux mettre fin, ce doute il est nécessaire et c’est à lui que j’oppose ma Foi et l’Amour dont je bénéficie. C’est ainsi que je repars très prochainement « marcher pour guérir »...

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