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Ménager sa monture

  • Photo du rédacteur: Habiba
    Habiba
  • 2 juin 2019
  • 6 min de lecture

Salam ✨


Voici aujourd’hui quinze jours que je suis partie de Paris en direction de Saint Jacques de Compostelle.

J’entame ce matin mon deuxième jour de repos, où, généreusement accueillie à Fréteval, je fais le point sur ma blessure, peu douloureuse, mais inquiétante (car pouvant mettre en péril le reste de l’aventure), de mon tendon d’Achille gauche.

Nous sommes dimanche matin, cela fait maintenant quinze jours que j’ai démarré mon pèlerinage depuis Paris. Tours me paraît si loin... je pensais la rallier bien plus vite depuis Chartres, j’y serai, je pense, d’ici cinq jours de marche. Mais pour l’heure, il me reste une journée et une nuit de repos avant de reprendre la route !

L’arrivée à Châteadun le 29 mai 2019


Cette blessure à bousculé mes plans, je ne pensais certainement pas devoir m’arrêter sur le Chemin pour d’autres raisons que la simple volonté de faire une pause à tel endroit parce que cela me faisait plaisir.


Et pourtant, on m’avait prévenue : « ne pars pas trop vite », « arrête-toi un ou deux jours si tu es fatiguée et qu’il faut récupérer »... j’avais beau recevoir, demander conseils, je ne les écoutais pas. Ils résonnent tout particulièrement à mon oreille aujourd’hui, alors à l’arrêt complet, priant pour que la douleur, indicateur de risque, disparaisse.


Je me suis dit que si tant de personnes me disaient, avec insistance « pars vraiment doucement, sinon tu souffriras des tendons, des ligaments, cet effort physique est bien différent de ce qu’on peut avoir l’habitude de faire », c’est qu’elles avaient certainement dû elles-mêmes passer par-là !

Ainsi, je me suis dit que le meilleur conseil que l’on pouvait donner à un aspirant pèlerin, serait, non pas de partir doucement, car je peux vous dire que l’excitation est telle que même avec la meilleure volonté du monde, lorsqu’on manque de sagesse et de tempérance, comme moi, à l’image d’un chiot, on frôle l’épuisement à la fin de la première journée de marche... Ainsi le meilleur conseil, à mon sens, serait d´expliquer comment, quelques jours après le départ, il faut savoir s'arrêter, prendre le temps de faire un bilan physique, s'écouter, apprendre à ralentir, se soigner et récupérer le plus possible d’énergie pour s’adapter au reste du Chemin à accomplir.



Ce bilan est naturel, car nécessaire chez tous les pèlerins. Entre une semaine et quinze jours après le depart, certains réalisent une véritable pause, d’autres réduisent fortement l’allure sur les chemins, tous quasiment se délestent (matériellement et mentalement) et tous se soignent, car, « qui veut aller loin, ménage sa monture » !

Je constate que ce pèlerinage redonne, à de nombreuses occasions, leurs lettres de noblesse, à bon nombre d’adages, que l’on dit parfois, sans mesurer le poids de leurs sens.


Cet arrêt « forcé », mais volontaire de deux jours (je suis arrivée à Fréteval vendredi soir et en repartirai lundi matin pour rallier Vendôme), m’a permis de me reposer, le corps, que j’apprends à écouter, à masser et à aimer (chose qui n’est pas aisée du tout, me concernant), l’esprit également. En effet, j’ai atterri chez Véronique et Dénis, dont l’hospitalité et la générosité n’ont fait que me réconcilier avec la race humaine ! Leur accueil étant d’un naturel sans précédent, je n’ai eu aucun souci à me faire et me sens chez eux, comme à la maison ! Il n’y a pas de hasard et si le Chemin m’a guidée à eux, c’est qu’il devait en être ainsi. C’est auprès de ce genre de personnes que le mot « merci » prend, pour ma part, tout son sens et sa résonance !


Ayant à ce jour cumulé plus de 200 kilomètres en douze jours de marche, les aménagements matériels commencent à me préoccuper de moins en moins, jusqu’à ce que se pose là questions fon-da-men-tale, du rôle de mes chaussures de randonnée, dans ma blessure...

Loin de vouloir les mettre seules au banc des accusés, il m’a fallut me poser la question de leur implication dans ma blessure et de leur impact sur cette fragilité tendino-ligamentaire. Le premier rôle revenant à ma précipitation, ma vitesse et mon impatience, le second, à la fragilité de mes articulations (j’ai bien conscience que d’autres pèlerins souffrent bien plus que moi. Pour de nombreuses raisons, mes articulations des membres inférieurs n’ont pas mon âge et souffrent d’une fragilité dont je prends conscience chaque jour de marche et après la reprise intensive de la danse ces dernières années. Cette fragilité, plutôt que de m'apitoyer dessus, je l´entends, l’écoute, et désormais, au lieu de la balayer de mon esprit, j’en tiens compte et avance avec, aussi ai-je appris à concevoir que la blessure physique, a bien souvent - en ce qui me concerne - une origine psychologique), enfin, le troisième rôle revient, je pense à mes chaussures.


À bien y avoir réfléchi et pour en avoir discuté avec mon mari, plein de bons conseils, je me questionne quand à la nécessité et l’impact réel de cette tige montante sur la compression de mon tendon d’Achille et la liberté de mouvement de mes chevilles.

À ce moment-là, je me souviens des nombreux forums que j’ai parcourus pour ma préparation, et me rappelle avoir vu passer la question (qui pour moi n’avait pas lieu d'être), du choix des chaussures. Généralement sur les forums de randonneurs on pouvait lire les interrogateurs demander « chaussures hautes ou basses de randonnée », je découvrais alors qu’il existait des chaussures basses de randonnée ! Plus surprenant, sur les forums spécialisés sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, les interrogations portaient sur « chaussures de randonnée ou baskets » ! Étonnant, après en avoir parlé avec Suzanne du blog l’Instant vagabond, celle-ci me fait part de son expérience (d’ailleurs elle a publié une vidéo sur son premier Chemin, où on la voit abandonner ses chaussures hautes de randonnée sur le Chemin, pour poursuivre en sandales), et me parle elle aussi de l’option baskets. Celle-ci m’a donc effleuré l’esprit les derniers jours de préparation, pour finalement, être une éventuelle option remise pour plus tard, sur le Chemin.


Que ce soit, hautes ou basses, concernant les chaussures de randonnée, il ne faut surtout pas perdre de vue l’étanchéité, à mon sens nécessaire, lorsqu’on effectue ce pèlerinage, qui plus est, en partant du « Nord », avec une météo incertaine. En effet, la pluie n’est vraiment pas à prendre à la légère sur le Chemin. Décider de ne pas marcher les jours de pluie est une grave erreur, car sous la pluie c’est une nouvelle paire de lunettes que l’on chausse (et pour le coup, j’enlève les miennes !), les sensations sont toutes modifiées et c’est une expérience qu’il ne faut pas manquer. Cependant, je ne pense pas bivouaquer les jours de pluie sans éclaircies prévues, il me serait impossible de faire sécher les affaires, et donc, difficile d’être dans de bonne conditions de sommeil, mais aussi de marche, avec un risque élevé d’attraper quelque mal.


Voici les prévisions météo pour mes prochains jours de marche à partir de demain, lundi 3 juin 2019... d’où l’importance d’être bien abrité tout en marchant !


Ainsi, avoir des chaussures avec un revêtement waterproof était-il indispensable, me semble-t-il ! J’ai pu me rendre à Décathlon (merci d’exister), pour acheter de nouvelles chaussures, celles-ci sont donc, des chaussures de randonnées, basses, souples, légères et étanches ! Lors de l’essayage, je constate qu’il me faut les choisir deux pointures au-dessus de celles de me chaussures de ville, mais Véronique, qui m’accompagne, me rassure en me disant que D4 a la réputation de « tailler petit ». J’ajoute à ces nouveaux chaussons, une talonnette de gel qui a l’avantage de soulager mon tendon d’Achille, que je trouve, encore trop court, et que je veux ménager tout le long du Chemin.


En attendant de repartir, chaussée à merveille, je soigne mes articulations au baume Saint-Bernard, m’hydrate, m’étire, et po-si-ti-ve 💪🏼


J’ai découvert une chose très importante dont je voulais vous faire part. Notre plus grand ennemi, sur le Chemin, comme dans la vie quotidienne (qui n’est qu’une variante de Ce Chemin !), c’est nous-mêmes et surtout la Peur.

Effectivement, c’est la peur de la blessure grave et de ne plus poursuivre mon rêve qui me fait paniquer et souffrir, c’est la peur (générique) du noir (et de ce qu’y peut s’y cacher) qui me terrifie chaque nuit dehors, et parfois à l’intérieur aussi, (je parlerai prochainement du syndrome du petit chaperon rouge)...

Je sais que j’en peux marcher et je le veux, cependant la peur me provoque une bien plus grande souffrance, que mon tendon d’Achille et tout mon côté gauche, altéré par une psychologie perturbée d’une part, et l’impact d’un important accident de la route, d’autre part, dont j’ai été victime quelques semaines avant mon départ.


C'est en discutant avec l’ostéopate, qui, m’avait demandé comment s’était déroulé mon accident, que la supposition d’un décalage des fluides internes d’un côté, non compensé, pouvait expliquer le lourd déséquilibre gauche-droite dont je souffre et que la marche longue et répétée, m’a fait ressentir.


En espérant que la reprise du Chemin en direction de Tours, sous la pluie, avec ces nouvelles chaussures, me sera agréable. Je continue de prier pour toutes les personnes qui m’ont été confiées, ainsi que celles que j’ai décidé d’emmener dans mon cœur

tout le long de ce pèlerinage 🙏🏽


Que la paix soit sur vous ✨


💙 ¡ Buen Camino ! 💙


 
 
 

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