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Ménager sa monture -2-

  • Photo du rédacteur: Habiba
    Habiba
  • 5 juin 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 juin 2019

Salam tout le monde ✨


Il semble que ma démarche, aussi spirituelle soit-elle, me réserve bien des apprentissages...

Trop rapide, trop pressée, trop compétitive, trop tout... voilà celle que je suis, et que le Chemin a décidé de polir et de calmer.

Ra-len-tir... Encore !? Eh bien oui, il va m’en falloir de la patience, car ce soir, et depuis mon arrivée à l’étape précédant la belle Tours, que je fantasme depuis Chartres. Depuis ce début d’après-midi, après avoir marché sous une pluie incessante, sans pause, sur des pieds très douloureux, je ne peux plus faire un seul pas... je peux me déplacer, uniquement sur les talons, autant vous dire que je n’irai pas bien loin...


Et pourtant, je me suis dit tout à l’heure : « pas de souci, hier c’était pareil, tu ne pouvais plus marcher à la fin de ton étape mais regarde ce matin la douleur avait diminué et tu as pu démarrer et sentir au fur et à mesure la douleur monter, mais ton courage et ta détermination sont bien plus forts que la douleur physique », ainsi, j’avais clairement l’intention de mettre mes pieds au repos depuis mon arrivée à l’étape jusqu’au réveil demain matin, pensant que, si j’avais pu marcher, malgré la douleur et la pluie 15 kilomètres aujourd’hui, je pourrai au moins en faire autant demain, la pluie en moins et compléter par un bus pouvant m’amener à mon point de chute pour la nuit, non loin du podologue que je dois consulter (sur qui je compte un peu trop !).

Puis, j’ai réfléchi, j’ai raconté mes malheurs sur le groupe Compostelle sur Facebook (comme il est de bon ton pour un pèlerin de se plaindre !), j’y ai récolté bon nombre de conseils, et ma foi, j’ai pris la décision d’aller à Tours demain, mais en transport, puis après avoir consulté le podologue-mage, de m’arrêter LE TEMPS QU’IL FAUT (et à ce titre n’hésiterai pas à rentrer chez moi si cela est nécessaire, mais je repartirai sur Le Chemin, de là où je me suis arrêtée) pour pouvoir poursuivre la route. Le Chemin est long, qu’on aille à Compostelle ou ailleurs, mon Chemin vient à peine de commencer, et je me demande si ce n’est pas maintenant qu’il commence réellement.


Ma démarche est loin d’être celle de la performance, je crois, le Chemin a le doux secret de nous faire oublier pourquoi nous l’avons pris... la seule chose dont on est certain, c’est qu’il faut marcher. Marcher pour guérir, marcher pour arrêter de souffrir ; parce que la souffrance mentale est bien supérieure à la souffrance physique, je ne pensais pas qu’un jour, le corps prendrait autant de place dans mon quotidien et que sa souffrance m’obligerait à comprendre que, faire preuve de volonté, de détermination, ne sont, lorsque ces dernières nous poussent au-delà de nos capacités physiques, non pas une preuve de courage, mais de performance, mais bien la preuve de l'aliénation...


 

Il faut devenir sage... Il faut être libre...


 

Vouloir faire preuve de sagesse me pousse à me demander, non pas pourquoi je suis en Chemin, ça, comme je le disais, je l’ai déjà oublié, et l’ai-je déjà vraiment su ? Mais plutôt, ne serait-ce pas cela le pèlerinage ? Ce que je recherchais justement, et dont j’ai réellement besoin ? Constater que malgré les difficultés, les douleurs, la souffrance, jamais je n’ai voulu abandonner, et surtout, apprendre à regarder le chemin parcouru, apprendre à me féliciter pour ce que j’ai déjà accompli, comme je le ferai pour quelqu’un d’autre.

Plutôt que de m’acharner sur mes souffrances et me répandre en litanies, ne devrais-je pas remercier et être pleine de gratitude (sur les très bons conseils de ma thérapeute), envers chacune des parties de mon corps qui a souffert et qui s’est pliée à la volonté de ma tête, qui, têtue a mis du temps avant d’accepter, que s’arrêter, où et quand que ce soit, n’est JAMAIS synonyme d'échec, car pour s'arrêter, il faut commencer !


Apprendre à s’aimer et à se féliciter... Vaste programme pour qui n’a jamais eu une grande estime de soi. Et pourtant, il va falloir y arriver, pour être enfin heureuse !


C’est pourquoi, je m’efforce, avec difficulté, d’ecrire dans un carnet de gratitude, les choses positives, que je veux retenir. Je pense qu’exprimer de la gratitude quotidienne envers chacune des parties de son corps, d’autant si elle a été menée à rude épreuve (comme mes pauvres pieds trop tendres aujourd'hui !), est une belle manière de commencer à s’aimer et se féliciter.


Ces quelques jours sur le Chemin m’ont fait comprendre qu´au final, comme au départ, nous sommes foncièrement et nécessairement seuls. Un ami que j’ai appelé, alors que j’etais en larmes, m’a dit cette phrase très importante, qui, lourde de sagesse, peut paraître terrifiante : « Ne donne à personne le pouvoir de te rendre heureux ou malheureux », phrase de Frédéric Lenoir, à méditer.


Reprendre des forces avant de reprendre la marche ne signifie pas ne plus être en Chemin ! Je poursuivrai mon pèlerinage même à l'arrêt. Je me concentrerai sur la prière, l´écriture et éventuellement la lecture. Plus j’avance en Chemin, plus j’ai envie de lire des témoignages de pèlerins m’ayant précédée dans cette quête !

L’écriture consiste pour moi à tenir un carnet de voyage, dont je vous montrerai quelques clichés dans un article dédié plus tard. Ce carnet de voyage rassemble essentiellement la date, le nom des lieux de départ et d'arrivée de l’étape ainsi que le nombre de kilomètres. Ensuite j’y ajoute ce que j’ai envie de retenir de cette étape, ou mes réflexions de la journée. De plus il est illustré, ce qui est très important pour moi !


Aussi, je me sens apaisée à l’idée de ne pas marcher demain, d’atteindre Tours malgré tout et de m’y soigner, comme il le faut, avant de reprendre ma route.

J’apporterai à Tours, comme à tous mes points de passage, vos intentions de prière et continue d’en recevoir, je me sens messagère pour toutes ces personnes qui comptent sur moi et que je n’abandonnerai pas !


Enfin, je tenais rappeler à toute personne voulant m’accompagner pour un ou plusieurs jours de marche, qu´elle est la bienvenue, et que je serai plus que ravie d’en partager cette expérience avec vous. Vous montrer que le Chemin guérit !


Ultreia ✨ ¡ Buen Camino ! 💙


Que la paix soit sur vous 🙏🏽





 
 
 

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